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« Les femmes d’ici sont laborieuses. L’art de la dentelle est enseigné par la mère à sa fille (…) Mais l’exercice de cet art délicat et charmant, si bien approprié à l’adresse patiente de la femme, une autre tyrannie que celle du clergé pèse sur la Velaisienne : c’est celle du commerçant qui l’exploite. » C’est ainsi que George Sand, dans son roman Le marquis de Villemer présente la dentellière. Derrière l’image familière de la fille au carreau, image ressassée du folklore vellave, se cache une autre réalité, que la romancière a bien perçue : celle d’une vie de labeur pour une rémunération dérisoire.
Si cette activité domestique, revenu d’appoint pour la majorité des ouvrières, n’a pas donné naissance a une puissante industrialisation, du moins a-t-elle permis l’enrichissement au XIXe siècle d’une bourgeoisie dont on peut admirer les belles demeures au Puy-en-Velay, à Craponne-sur-Arzon, au Monastier-sur-Gazeille ou à Retournac. Pendant toute cette période l’activité dentellière est la première activité industrielle du département, occupant plus de 100 000 bras.
A la fin du XIXe siècle, la mécanisation s’amorce et le déclin commence pour les « dentelleuses ». Parmi les familles bourgeoises vivant du négoce de la dentelle, quelques familles vont émerger. Parmi elles, la famille Fontanille va ériger une entreprise importante, qui après l’essor des années 1920 et 1950-60, connaitra le déclin mais marque encore le paysage urbain de la ville du Puy-en-Velay. La mondialisation des productions a conduit à la quasi disparition de cette industrie.
Raymond Vacheron connait bien cette histoire : ancien employé d’une entreprise de dentelle du Puy-en-Velay, il a vécu comme syndicaliste les luttes des ouvriers pour la sauvegarde de leur emploi au moment du déclin de l’industrie dentellière. Ayant eu accès à des documents originaux il a fait une étude publiée dans Histoire Sociale Haute-Loire n°2, aux éditions du Roure.
Article publié le 27 février 2012.